Les syndics de copropriétés ont ils vocation à être des cibles consentantes?
Pour tout journaliste en quête d’audience facile, les syndics de copropriétés constituent le sujet parfait du marronnier, article revenant chaque année, fustigeant la profession, accusant cette dernière de tous les maux et de tous les abus.
Ainsi les syndics de copropriétés doivent s’attendre tous les ans ,comme l’explique la légende du marronnier, qui raconte que celle provient d’un arbre planté dans les Tuileries, et tous les ans, celui ci fleurissait exactement au premier jour du printemps. Et chaque année on en parlait.
Toutefois à la différence du marronnier qui est sensé parler de sujet léger dont on reparle chaque année, pour les syndics de copropriétés, les sujets sont le plus souvent destinés à décrédibiliser la profession.
Les syndics de copropriétés sont par ailleurs la cible privilégiée de l’association des responsables de copropriétés (l’ARC) qui permet à cette dernière de fructifier son fond de commerce qui consiste à “casser du syndic” pour pouvoir vendre des conseils, des formations aux membres de conseil syndical et même faire office de centrale d’achat.
Selon un récent article publié dans le figaro immobilier intitulé “ les syndics de copropriété accusés d’abuser des votes par correspondance”, rédigé par Guillaume ERRARD, ce dernier indique que l’ARC accuse les syndics d’abuser des votes par correspondance, neutralisant de ce fait toute démocratie participative des copropriétaires
Autre accusation portée par l’ARC selon Guillaume ERRARD: “ les syndics de copropriétés auraient profités des troubles liés à la crise sanitaire pour élaborer l’ordre du jour sans consulter le conseil syndical, ce qui leur aurait permis de glisser une augmentation de plus de 50% de leurs honoraires, le renouvèlement de leur mandat de 3 ans, d’imposer leurs filiales pour la souscription de contrats.”
Les syndics de copropriétés sont depuis quelques temps la cible d’une nouvelle catégorie de syndics, qui se disent être les “syndics de demain”, les “syndics réinventés”.
Cette “nouvelle catégorie de syndics” a entamé une campagne publicitaire destinée à ridiculiser, dénigrer les syndics de copropriétés.
En effet une plateforme de gestion de copropriété créée en 2017 sous le nom d’ILLICOPRO , devenue depuis MATERA, en plus de cette campagne calomnieuse, affiche des objectifs plus ambitieux consistant à prendre des parts de marché sur les syndics traditionnels en se présentant comme syndics, qualité que n’a pas cette structure car ne disposant la carte professionnelle spécifique prévue pour exercer la profession de syndics de copropriétés.
Pour justifier leur position, le cofondateur de Matera se présente comme soutien au syndic coopératif , ce qui soutendrait que la copropriété est gérée par le conseil syndical, sans professionnel externe.
Ce serait donc le président du conseil syndical qui ferait office de syndic et Matera interviendrait alors en soutien du président du conseil syndical, syndic coopératif en lui proposant des outils informatiques, un accompagnement, des conseils.
Ce modèle économique semble ressembler comme deux gouttes d’eau à celui proposé par l’ARC à ses adhérents à la différence de la notion de syndic coopératif évoqué par MATERA
Il y a lieu de souligner la réaction de l’association nationale des gestionnaires de copropriétés (ANGC) et de la FNAIM Grand Paris qui ont porté l’affaire devant le tribunal de commerce de Paris ainsi que le DGCCRF afin de faire cesser cette campagne de dénigrement et dénoncer cet état de faits.
Les syndics de copropriétés seraient ils condamnés à subir les attaques de plus en plus virulentes d’acteurs économiques qui souhaitant les remplacer ou prendre leurs parts de marchés, qui par ailleurs, en raison du manque de réaction, de communication sur leur métier des acteurs traditionnels, s’engouffrent dans la faille inhérente au métier de syndic qui à lui seul réunit les trois professions les plus décriées de notre société que sont le Politique en quête de réélection , de Percepteur devant encaisser les charges de copropriété et de Policier ayant la charge de faire appliquer les règles de la copropriété?
Credit photo: Pro ODBI (https://pro.odbi.fr/comment-trouver-son-coeur-de-cible/)
2 Comments on “Les syndics de copropriétés sont ils des cibles consentantes?”
Bravo !
Au titre de la valorisation de la profession de syndic auprès des jeunes, voici ce que Gilles FREMONT, Président de l’ANGC et moi même avions suggéré pour le livre blanc publié dans la revue INFORMATIONS RAPIDES DE LA COPROPRIETE !:
« VALORISER LES COMPÉTENCES DU SYNDIC:
Au-delà de sa fonction historique de mandataire et de comptable, nous devons présenter le syndic comme un véritable expert et un consultant à forte valeur ajoutée. Nous devons mieux vendre nos compétences et mettre en avant la qualité de nos conseils, en matière de règlementation juridique, de pilotage, de financement de travaux et d’aides et subventions locales, nationales et européennes.
Les formations obligatoires légales des syndics et de leur personnel, les controles de déontologie par les instances officielles, les controles financiers des caisses de garantie sont autant de gages de qualité et de professionalisme souvent enviés et imités par les pays étrangers qui viennent les étudier.
Auprès des pouvoirs publics français et européens, nous devons affirmer le rôle essentiel du syndic dans la mise en œuvre des politiques de la ville et des politiques environnementales et de transition énergétique: (le syndic « Ambassadeur des rénovations énergétiques »…!).Les plans biodiversité dans les résidences gérées peuvent être également encouragés et expliqués aux copropriétaires et habitants de l’immeuble et du quartier.
Dans l’immobilier neuf, affirmer notre savoir-faire dans la reflexion sur la gestion efficace avec les promoteurs privés et publics et la gestion des nouveaux éco-quartiers pour des immeubles à charges réduites, « zéro-energies » ou à énergie positive conformément à la future règlementation RE 2020 qui va remplacer la RT 2012.
Dans l’immobilier ancien, affirmer notre savoir-faire dans la gestion des opérations privées ou publiques de rénovation de l’habitat, dans la réalisation des audits globaux et thermiques aux cotés des spécialistes pour faire baisser les charges, dans la lutte contre les copropriétés en difficulltés pour en détecter les causes et préconiser les remèdes, dans les certifications de qualité des immeubles permettant leur meilleure valeur notamment « verte ».
Qui, plus que le syndic de copropriété, peut avoir une fonction de pédagogie des comportements énergétiques vertueux aux cotés des spécialistes privés et publics puisqu’ils sont directement au contact des habitants ? 9 millions de lots de copropriétés en France, 700 000 syndicats de copropriétaires sont concernés…
Nous devons affirmer le rôle sociétal du syndic dans l’habitat collectif, en mettant en avant ce travail de proximité au contact des copropriétaires, ainsi que nos innovations dans les nouveaux modes numériques de communication.
L’ordonnance du 30 octobre 2019 permet désormais au syndic de proposer au Syndicat des copropriétaires une convention de prestations de services pour tout ce qui ne relève pas de sa mission légale, nous pouvons ainsi imaginer le développement d’activités telles que la conciergerie, la médiation, la formation ou le community management, les loisirs communs, les crèches collectives, l’autopartage, l’encouragement aux « transports doux » etc….
Nous devons profiter de cette opportunité pour diversifier nos activités, créer de nouveaux emplois, renforcer notre présence dans les immeubles et fidéliser notre clientèle.
Savoir se vendre, pour revaloriser nos honoraires et nos ressources humaines afin de créer un cercle vertueux de la qualité. »
Le train est en marche !
Article très intéressant
Cette analyse met le doigt sur les discussions de « cafés du commerce » qui se répandent au niveau des médias et qui se trouvent relayées par des groupements qui en font leur chou gras!
Cet article a le mérite de remettre les choses dans leur contexte